vendredi 23 février 2018

Indochine, Lyon, Halle Tony Garnier, 21 février 2018

Cela peut surprendre certains de mes fidèles lecteurs, mais oui, je l'assume, je suis un grand fan d'Indochine. La raison en est assez...irrationnelle: j'ai découvert ce groupe en 1991, au moment de la parution du best of Le Birthday Album 1981-1991. J'avais alors onze ans, et des titres comme "L'aventurier", "Miss Paramount", "Trois nuits par semaine"...pour ne pas dire tous les titres de l'album, m'avaient emballé. Refrains imparables, paroles à reprendre en choeur, un chanteur charismatique, bref, tout ce qu'il fallait pour plaire à un pré-ado.

Et depuis ce jour-là, j'ai suivi ce groupe. Dans leur traversée du désert des années 90, j'étais un des seuls à continuer à acheter leurs disques, sans aucun regret d'ailleurs (Un Jour Dans Notre Vie et surtout Dancetaria figurent parmi leurs plus belles réussites, sans parler du faux live unplugged Nuits Intimes). Je suis allé les voir en 1999 au Transbordeur devant 1.500 personnes lors d'un concert fantastique (quand je revois la set-list aujourd'hui, j'en bave encore...), bref Indochine était devenu une espèce de secret bien gardé. Le grand public les ignorait totalement, seule cette poignée de fans inconditionnels les suivait contre vents et marées.

Et puis "J'ai demandé à la lune" a tout changé. Le duo Nikola Sirkis / Olivier Gérard (alias Oli DeSat) aussi. Finies les mélodies hyper chiadées l'air de rien de Dominique Nicolas. Fini le rock anglo-saxon d'Alexandre Azaria (Wax). Finie l'electro-pop tubesque de Jean-Pierre Pilot (Dancetaria). Places aux grosses guitares sursaturées et aux morceaux, certes calibrés pour être des tubes et hyper efficaces sur scène, mais aussi très linéaires. Les salles ont grossi, drainant une armée de fans toujours plus importante, et pour certains d'entre eux limite flippants. Bien sûr, Nikola Sirkis tenait là une revanche éclatante sur tous ceux qui lui avaient craché dessus lorsque son groupe ne passait plus à la radio. Mais il avait aussi laissé en chemin une certaine légèreté musicale, ayant souvent recours à une production éléphantesque pour masquer des lignes mélodiques ayant une fâcheuse tendance à se répéter.

Toutefois, 13, dernier album en date paru fin 2017, a redonné espoir au vieux fan que je suis. Même si l'album était une nouvelle fois beaucoup trop long (cette manie de vouloir à tout prix faire des albums de 70 minutes...), il tenait vraiment bien la route et sa retranscription sur scène promettait beaucoup, surtout vu ce que Sirkis avait promis ("un spectacle renversant", mmmh mmmh...).

Nous voilà donc en ce froid mercredi de février dans la non moins froide Halle Tony Garnier. On pénètre à l'intérieur à 18h45, on fait scanner nos billets, et là coup de bol monstrueux, l'employée nous annonce que nous venons de gagner notre place pour faire partie de la fameuse "zone 13", cette zone placée à l'avant de la fosse et remplie par (à vue de nez) 200 à 300 spectateurs tirés au sort. Et bingo, ça tombe sur nous! Nous voilà avec nos petits bracelets, nos petites croix au feutre indélébile et hop, nous voilà à quelques mètres de la scène, côté Olivier Gérard. Et nous nous retrouvons donc au-dessous de cet espèce de cercle décomposé dont on se demande bien à quoi il va bien pouvoir servir.



20h: première partie assurée par Requin Chagrin. Trois gars, une fille, versant dans le côté "rock français des années 80". Sauf que tout le monde n'est pas Aline ni Fishbach. Si les musiques tiennent à peu près la route et que la guitariste a un excellent son de gratte (surtout en son clair), les paroles sont très pauvres, et surtout la chanteuse a un charisme proche du zéro absolu. Semblant complètement paumée sur scène, annonant sans conviction ses textes, et étant de surcroît pourvue d'une voix manquant singulièrement de personnalité, c'est peu dire que la pauvre paraît bien empruntée... A 20h35 ils quittent la scène.


A 21h, les choses sérieuses commencent. Les lumières s'éteignent, le zinzin du toit s'allume, et alors là... C'est le début d'une dizaine de minutes absolument éblouissantes. Le truc simule l'ouverture d'une station orbitale avec les bruits qui vont bien, l'effet est saisissant. Je ne sais pas trop ce que les gens situés dans les gradins de face ont pu en voir, mais quand on était situé en-dessous, c'était exceptionnel. Sans exagérer, au niveau show scénique en indoor, on n'était pas loin du The Wall remonté par Roger Waters au début des années 2010. Quand le groupe attaque "Black sky" derrière (à 4'14 sur la vidéo), c'est l'apothéose (en plus de ça le morceau est certainement le meilleur du dernier album). Quand on sait que la place était à 40 € en fosse, et quand on voit ce démarrage de concert, on se dit que Nikola Sirkis, même s'il a plein de travers, ne se fout pas de la gueule de son public.




Bon, alors par contre une chose: comme on était bien près, on a pu l'examiner sous toutes les coutures, et franchement, Sirkis en blond ça le fait pas du tout, surtout qu'il commence tout doucement à faire son âge (59 ans aux chanterelles mine de rien). Ca fait vieux qui veut rester jeune, et même s'il est encore hyper en forme physiquement, cette teinture ne lui va vraiment pas.

Derrière lui on a le groupe habituel, si ce n'est un nouveau batteur. Pour le reste, notons que le gratteux Boris Jardel a régulièrement sorti une Rickenbacker (la guitare de mes rêves...), chose qu'il n'avait à ma connaissance jamais fait auparavant. La tendance assez electro du nouvel album l'a également amené à jouer de temps en temps du pad électrique, ce qui avait le mérite de diversifier un peu le son du groupe.

Après cette magnifique entrée en matière, force est de constater que le groupe a fait un choix d'équilibre de set-list assez risqué et, à mon humble avis, pas hyper convaincant, en balançant, sur les 13 premiers titres du concert, 10 titres du dernier album. Ca fait beaucoup, et ça fait même trop  car, même si je persiste à penser que ce dernier disque est plutôt dans la moyenne supérieure de ce que le groupe a fait récemment, c'est quand même risqué d'attaquer un concert comme ça. Bien sûr, le light-show est hyper efficace comme sur "Station 13" et on passe malgré tout un bon moment, mais on reste un chouïa sur sa faim. Et comme à son habitude, Sirkis a un besoin quasi constant de ses prompteurs (et pas que sur les nouveaux morceaux!), mais bon, ça fait 40 ans que ça dure, on ne le changera pas maintenant... Et ses fins de phrases sont toujours...aléatoires, mais ça eut été bien pire!



Seules exceptions à ce déluge de nouveautés: "Adora", la toujours hyper efficace en concert "Alice & June" et bien évidemment "Tes yeux noirs", enfin en version électrique, et pendant laquelle Sirkis fend littéralement la foule pour aller taper des bises et serrer des paluches. A noter que certains fans étaient quasiment en état de choc ou de transe après avoir touché / embrassé Sirkis, ce qui rejoignait le côté flippant que j'évoquais tout-à-l'heure...

La deuxième partie du concert va être en revanche beaucoup plus équilibrée et, de ce fait, beaucoup plus convaincante. D'abord une vieillerie que j'adore, "A l'assaut (Des ombres sur l'ô)", sur l'intro de laquelle Sirkis joue des percussions...ce qui le fait planter son attaque de couplet, le micro étant placé trop loin!!! On sent que ce sont les premières dates, y'a des réglages à faire...


Le medley qui va bien ensuite: "Canary bay" / "Kill Nico" / "Les tzars" (meilleur riff de l'histoire d'Indochine!!! à 6'11) / "Paradize" (miam) et re "Kill Nico", c'est bon ça madame. Olivier Gérard en pète même sa corde de mi aigu.



Ils quittent tous la scène, et Sirkis revient seul avec sa guitare acoustique pour une version émouvante de "Electrastar". Il est ensuite rejoint par les deux guitaristes pour une très très belle version de "J'ai demandé à la lune". Je n'étais pas du tout convaincu par les versions des précédentes tournées, véritables copier-coller de la version originale. Là, en dépouillant le morceau au maximum, on le redécouvrait, et c'était une très bonne chose.

Ca repart comme en 14 avec "College boy" et l'inévitable "3 nuits par semaine", moins inutilement rallongé que sur les autres tournées (mais Sirkis est parvenu à se planter sur les paroles alors que ça fait 32 ans qu'il la chante celle-là...).

Ils quittent la scène, et nous revoilà en pleine station spatiale, avec quatre accords en nappes de synthé qui montent qui montent... "L'aventurier" bien évidemment! Qui aurait parié quand même que, 37 ans après sa création, ce titre soit repris en choeur par des milliers de personnes chaque soir...



"Karma girls" issu du dernier album vient clore les débats après 2h30 d'un show hyper efficace, mais qui nourrit quand même quelques regrets au niveau de la set-list. On ne peut reprocher à un groupe de vouloir défendre son dernier album en date, mais en jouer 11 titres sur 13, ça fait quand même beaucoup, et ça laisse beaucoup de pans de la discographie en rade (aucun titre des albums des années 90 joué, zut alors!!!). Après par contre, au niveau du light-show, et pour un prix pareil, je ne pense pas qu'on puisse trouver un meilleur rapport qualité-prix en France actuellement.


Set-list:

Black Sky
2033
Henry Darger
Station 13
Adora
Alice & June
La vie est belle
Tes yeux noirs
Gloria
Kimono dans l'ambulance
Song for a dream
Un été français
Tomboy 1
A l'assaut (Des ombres sur l'ô)
Medley: Canary bay / Kill Nico / Les tzars / Paradize / Kill Nico

Rappel 1:
Electrastar (acoustique)
J'ai demandé à la lune (acoustique)
Collège boy
Trois nuits par semaine

Rappel 2:
L'aventurier
Karma girls

1 commentaire:

  1. Un lecteur anonyme m'a adressé un commentaire que j'ai malencontreusement effacé suite à une fausse manipulation... S'il souhaite me le réadresser je ferai en sorte de ne pas le supprimer ! :-)

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